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majestueuse et fertilisent aussi la grande plaine de Siam par une inondation annuelle, en confondant leurs eaux à celles du fleuve Më-Nam. Le Më-Nam (mère des eaux), dont le cours est d’environ trois cents lieues, prend sa source dans les montagnes de l’Yunan en Chine, passe à Xieng-Mai, reçoit un gros affluent venant de Phitsalôk et, un peu plus bas, se divise en plusieurs branches qui arrosent la grande plaine, viennent se réunir au dessus de Bangkok, et enfin se déchargent dans la mer à huit lieues au dessous de la capitale.

Ce fleuve inonde et submerge la plaine une fois tous les ans. Dès le mois de juin, ses eaux deviennent rouges du limon qu’elles entraînent, le fleuve devient rapide, son niveau s’élève chaque jour de quelques pouces, et à la fin d’août il se répand dans les campagnes et monte peu à peu jusqu’à un mètre et quelquefois deux mètres au dessus du rivage. Le riz croît à mesure que les eaux montent, et l’inondation, loin d’y faire tort, contribue au contraire à son développement. Les eaux stationnent ainsi dans les campagnes jusqu’au commencement de novembre ; pendant ce temps-là une infinité de barques sillonnent la plaine en tous sens à travers les rizières espacées de manière