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dée par les pasteurs éclairés et vertueux d’un peuple vertueux et confiant en eux, soustraits les uns et les autres, à l’influence d’autorités, si longtemps hostiles à leur nationalité. Elle s’est accrue en 80 ans, en dépit de cette hostilité, de moins de 60,000 personnes à plus de 600,000.

Maintenant que les jours de persécution violente sont écoulés sans retour, elle va progresser plus rapide que jamais, quand bien même la persécution se déguiserait, sous les amorces de la faveur, des profits et des honneurs ; parce que ces séductions ne pourraient au plus agir que sur très peu d’individus dans les villes. La séduction y serait circonscrite. Les masses, dans nos campagnes, y seront toujours inaccessibles, elle ne peut devenir contagieuse.

Le clergé et le peuple en communion de doctrine, d’affections et d’intérêts, auxquels le gouvernement extérieur, est incapable de s’associer cordialement et en permanence, quoiqu’il puisse le faire dans ses moments d’embarras, comme 1774, 1790 et 1812, n’ont pas heureusement grand-chose à lui demander. De plus, ils n’ont rien à craindre de ses erreurs volontaires, ni involontaires, si le gouvernement responsable a été octroyé de bonne foi.

Qu’il ait été promulgué par une prévoyante nécessité, ou par un sentiment éclairé de justice, c’est le gouvernement de la majorité du peuple en Canada ; car ici il n’y a pas autre chose qu’un peuple de propriétaires, dont ce gouvernement doit dépendre, par qui il doit être dirigé, pour qui il doit agir. Le prolétariat est si peu nombreux, qu’il n’y aurait pas moins de lâcheté que d’injustice, à ne pas le faire entrer dans le droit commun, pour en former des citoyens reconnaissants. C’est un gouvernement intérieur et national ; la nationalité est donc sauvée. S’il n’était pas tel dans la volonté et les calculs de ceux qui l’ont donné, il le deviendra par le fait