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défi de me démentir, quand j’affirme qu’aucun de nous n’avait préparé, voulu ou même prévu, la résistance armée. Mais le gouvernement anglais avait résolu de ravir à la Province son revenu, son système représentatif ; il avait résolu de nous vouer, les uns à la mort, les autres à l’exil ; et c’est dans ce but qu’il avait proposé de proclamer la loi martiale, et de faire juger les citoyens par des cours martiales pour des actes que, quelques semaines avant, il avait reconnu ne pouvoir donner lieu à aucune accusation, fondant la nécessité de créer des tribunaux militaires sur l’impossibilité d’obtenir des arrêts de mort des tribunaux civils ! Oui, encore une fois, le pouvoir exécutif a mis en œuvre, contre des hommes innocents, en vue de l’intérêt métropolitain mal entendu, des combinaisons inhumaines qu’il avait reconnu lui-même n’avoir pas le droit de se permettre : c’est de lui qu’est venue la provocation.

Aussi, parmi les acteurs de ce drame sanglant, n’y en a-t-il aucun qui se repente d’avoir tenté la résistance ; et parmi leurs concitoyens, il n’y en a pas un sur mille qui leur reproche de l’avoir fait. Seulement, il y a dans l’âme de tous un chagrin profond que cette résistance ait été malheureuse, mais en même temps un grand espoir qu’elle sera reprise et prévaudra.

Ce n’est pas que l’insurrection n’eût été légitime, mais nous avions résolu de n’y