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être qu’une époque de transition orageuse et d’évolutions maladive, que doivent suivre, pour les peuples qui y sont soumis, des jours sereins, et une organisation normale de la vie politique et de l’indépendance nationale. Je crois même que les temps d’épreuve seront courts pour vous ; catholiques français, régis par des Anglais protestants, votre position est forcée, il faut le reconnaitre ; elle est contre nature. Vous êtes trop éloignés de l’Angleterre pour la bien apprécier, et trop rapprochés des États-Unis d’Amérique pour n’être pas éblouis par leur trompeuse prospérité. Je ne vous demande donc que vingt-cinq ans de patiente résignation.

« Mais, comme homme d’État, je prévois et prédis, avant la fin de cette période, de grands déchirements entre les diverses parties de la confédération américaine. L’Angleterre serait prête alors à octroyer aux colonies qui leur seraient demeurées fidèle, et leur indépendance et des institutions meilleures que celles qui reposent sur le pacte fédératif. En effet, dégagée de tout contre-poids, la démocratie serait fougueuse et anarchique, tandis qu’elle serait le meilleur des gouvernements possibles, si on la tempérait par une magistrature héréditaire, dont la perpétuité serait assurée, dans son éclat et sa force, au moyen de majorats et de substitutions. Il est bien entendu que le gouvernement anglais doterait de ces majorats les hommes influents comme vous, Monsieur, s’ils voulaient se prêter à une aussi sage combinaison.

« En donnant votre appui à ce plan, et en le faisant accueillir à vos compatriotes, vous hâteriez pour votre pays l’ère du bonheur et de la puissance. On y attirerait les familles riches d’Angleterre qui sont amies des institutions héréditaires, et celles des familles riches des États-Unis, que dégoûte la faible influence que leur laisse l’ascendant démocratique.

« D’un autre côté, vous trouveriez dans les familles influentes, tant de la province que du dehors, les moyens de constituer un gouvernement fort, qui contracterait avec nous une alliance offensive et défensive de la nature de celle