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Page:Paquin - Aventures fantastiques d'un canadien en voyage, 1903.djvu/57

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C’était là sans doute un cri de ralliement, car en moins de deux minutes les vingt-cinq bandits se trouvèrent réunis.

Aussitôt, le Canadien, mettant ses deux carabines en croix et les élevant en l’air, s’écria :

— Réjouissez-vous ! Je suis le Prédestiné…

— Jaram ! Jaram ! Jaram ! s’écrièrent les trois amis, obéissant ainsi aux ordres de Bernard.

— Je suis Celui envoyé pour guérir mes compatriotes des maux qui les affligent…

— Jaram ! Jaram ! Jaram ! répétèrent Williams, Dupont et le Parisien, avec force transports de joie !

— Je suis Celui qui édifie et qui détruit…

En disant ces mots avec le plus grand sérieux, le Canadien avait saisi un jeune palmier, d’un léger effort l’avait arraché de terre et plié en deux dans sa main.

— Je suis Celui, continua le Canadien, d’un ton étrange, je suis Celui qui lis dans l’avenir…

À ces mots, les nègres se prosternèrent devant Bernard.

Seul Michaël restait debout et semblait défier l’étrange personnage :

— Comme je lui enverrais une balle dans la tête ! murmura Dupont. Tout de même c’est très drôle. Et dans un instant, nous allons être adorés.