Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/101

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Installé confortablement dans un coin du « Palm Court », il écoute l’orchestre jouer un morceau langoureux dont la mélodie, planant dans l’atmosphère saturée d’un parfum troublant, nimbe de poésie les femmes présentes.

Soudain, il se demande ce qu’il fait là, à siroter sa tasse de thé.

Et voilà qu’il grimace !

Elle a donc dit vrai. Son orgueil en a dans l’aile.

Le futur roi du papier, l’homme d’affaires sérieux, regardant des jeunes filles gruger des biscuits !

Pourquoi cette musique lui tape-t-elle sur les nerfs ?

Non… décidément, il est mieux de s’en aller. S’il continue ainsi, il perdra de sa propre estime, ce qui est beaucoup, ce qui est tout.

Au fond, tout ce qui lui arrive, c’est par sa faute. N’a-t-il pas un soir, cet hiver, lâchement, transigé avec ses résolutions ?

Il est agacé de contempler l’aspect de félicité sur le visage de ceux, tous ceux, qui ne sont pas seuls.

Maussade, il rentre chez lui, avec la conviction terrible que le colosse d’airain qu’il est, pourrait bien avoir des pieds d’argile.