Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/100

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d’éprouver une sensation de mélancolie, mêlée d’amertume, et aussi d’envie. Quelque chose manque pour trouver plus belle encore cette journée printanière.

S’il le voulait, il saurait bien ce qu’il lui manque, mais il s’est défendu d’y penser. Si la maîtrise qu’il a de lui-même est toujours aussi forte, l’emprise de certaine personne qu’autrefois, à la rigueur, il pouvait affronter, est plus forte encore.

Aujourd’hui il ne le peut ; faire face à l’ennemi serait sa défaite. Il n’est plus invulnérable.

Cette constatation, il la faite dernièrement lors d’une visite qu’une jeune femme lui a rendue.

Il en a d’abord crié de rage.

Ensuite, il a cherché le remède.

Fuir. Ne pas la rencontrer. Pour aucune raison. Surveiller jusqu’à son imagination. Monter la garde autour de ses pensées, sans défaillances, toujours.

Il est aidé puissamment par des agents extérieurs.

Quand il fait beau comme aujourd’hui, que les affaires vont bien, que l’ambition comme une maîtresse jalouse s’attache à ses pas, ou n’a guère le temps d’être sentimental.

Dans le brouhaha de la rue qui remplace celui du bureau il ne songe pas à regretter ce qui fut.

Quand il eut marché suffisamment, le jeune financier arrête au Ritz. Une idée lui vient d’aller examiner, par curiosité, les jeunes filles qui y potinent, les jeunes gens qui y posent.