Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/119

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furieux de voir le peu d’effet de ses paroles et qu’on ne lui cède pas, perd toute mesure.

— Oh ! on va voir si c’est un frais de la ville qui va nous conduire.

— C’est ça, donnes-y — tues — à bas Faubert. Et la Foule, affamée de brutalité, voudrait voir ce colosse broyer l’autre dont la supériorité les écrase et malgré eux leur en impose. La différence entre les deux hommes, apparaît, avantageuse. L’un taillé à coups de hache, habitué aux ouvrages durs, l’autre découpé plus finement sans rien qui décèle la puissance d’effort et de résistance qu’il porte en lui. On ne sait pas que ces nerfs et ces muscles, assujettis à une culture quotidienne, se tendent et se détendent avec la souplesse d’un ressort d’acier.

David, en ce moment incarne l’âme de la Foule. Il est, pourrait-on dire, le réceptacle ou sont mêlés les sentiments les plus divers comme les plus étranges qui l’assaillent.

Tout à coup, les poings en avant, il se jette sur Faubert.

Celui-ci a vu venir le coup. D’un mouvement brusque il se range de côté, et l’homme, frappant dans le vide, va s’écraser sur le sol, de toute la vitesse de son propre élan.

Enragé, l’écume à la bouche, il se relève :

— Ah ! mon mon maudit ! Tu vas mourrir ici.

Il est plus près de Faubert qui lui rit au nez d’un rire ironique qui l’exacerbe. De sa droite il décoche un coup formidable accru de la pe-