Aller au contenu

Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

santeur du buste, qui a suivi la trajectoire. Le financier qui ne perd aucun de ses mouvements, lui a saisi le poignet. Se retournant tout à coup, le coude renversé de l’ouvrier sur son épaule, en guise de point d’appui, se servant de l’avant bras comme d’un levier, il le fait culbuter pardessus lui.

La foule frémit, elle halète, incertaine.

Cette seconde chute qui l’étourdit un instant décuple la colère de David.

Mais l’adversaire n’est plus sur la défensive. Les mains en avant, il se rue à son tour.

Les deux hommes s’empoignent à la taille. Ils ne forment plus qu’un seul tout. Les souffles se confondent. Sous les vêtements, les muscles apparaissent, gonflés à éclater. La masse roule par terre ; un bras se dégage qui cogne sans merci.

Les lutteurs se relèvent. Faubert a une blessure à la lèvre d’où coule le sang. Et ce sang lui entre dans la bouche, et ce sang lui touche la langue, le palais. Il le goûte. Ce goût produit un déclenchement d’énergie, de force, d’ardeur au combat.

À peine debout, il évite d’un mouvement de tête un coup de poing qui l’aurait assommé, et riposte en frappant à la mâchoire, avec le tranchant de la main.

La foule retient son souffle. Elle n’a pas eu le temps de s’étonner. Toutes ses prévisions sont dérangées.