Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/125

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ture apaisante et maternelle aussi ! N’être qu’une végétation humaine, débarrassée de l’entrave de plus en plus grande du progrès moderne ! Vivre simplement la vraie vie simple.

Un couple de canards prenait ses ébats que cette intrusion dans leur domaine a perturbés. Ils s’envolent de toute la vitesse de leurs ailes.

Le yacht file, continuant sa course vers la civilisation. Un orignal qui buvait, lève un instant sa grosse tête touffue, et s’enfonce dans la forêt, en faisant craquer les arbres.

Un « shac » de bois rond. Un homme devant la porte scie, au godendard, des bûches de cyprès.

Faubert songe avec un soupir que cet oubli de la lutte quotidienne touche à sa fin, que bientôt le National le cueillera à son passage pour ne le laisser qu’à la gare Moreau, dans Montréal où la vie factice et névrosé qu’il faut vivre au milieu des agglomérations humaines, va le reprendre.

À la gare, Luc David, un œil noirci, le bras gauche en sautoir, quelques emplâtres en croix de Saint André, au nez et aux joues, se promène sur le quai.

En apercevant son adversaire de la veille, il lui tourne le dos, et va s’asseoir, sur le banc de bois, devant la salle d’attente.

Pendant que le convoi l’emporte vers la ville, Faubert récapitule les évènements susceptibles d’avoir causé cette hostilité. Il veut éclaircir cette affaire pour en demander compte aux coupables s’il y en a.