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XIV


Avec un ronflement que l’écho décuple, le yacht file, faisant fuir les rives. La rivière est calme. Le soleil y dépose des paillettes d’or que disperse la proue de l’embarcation.

Poitras, occupé à son moteur ne répond que par mono-syllabes aux questions qu’on lui pose. Il demeure enfermé dans son mutisme coutumier.

Installé du mieux qu’il peut, sur une banquette vide de coussins, le financier s’en retourne à Nottaway. La tranquillité du pays qu’il traverse, cette tranquillité latente qui enveloppe les êtres de toutes parts, la paix troublante épandue dans l’air, le gagne insensiblement. Elle agit sur le cerveau ; elle apporte le calme, un calme bienfaisant. Il se laisse glisser sur l’eau que le coup de fouet de l’hélice fait gronder. Il est las. Ses membres fatigués d’un effort brusque sont raidis et lourds.

Oh ! pouvoir vivre toujours de cette vie béate, loin de la civilisation, au milieu de la grande na-