Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/13

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vures, et ces mille riens qui semblent lui donner une physionomie. Celui qui aurait voulu se livrer à la même étude dans la garçonnière de Jules Faubert, avenue du Parc, y aurait perdu son temps. Son appartement est banal, « tout le monde ».

Et pourtant — la suite de ce récit confirmera nos dires — tel n’est pas le cas de Faubert.

Après s’être promené quelques instants, il regarde à la fenêtre. L’animation de la rue lui donne envie de sortir. Il est près de neuf heures. La chaleur intense du jour — on est en juillet — séjourne entre les murs des bâtisses. Autour des lumières électriques, une nuée de papillons se butent sur les globes, obstinément. L’air est lourd à respirer.

Qu’importe quand on peut laisser la ville en quelques instants et rouler par la campagne sur les routes ombragées que la rivière voisine rend plus fraîches.

Et pendant qu’il file dans son auto, tête nue, laissant l’air accru par la vitesse, se jouer dans ses cheveux, il songe que son lot n’est pas le pire ici-bas, que la vie a des douceurs, et que rien ne vaut la liberté, liberté d’esprit, liberté de cœur.

En arrivant rue Bernard, comme il s’apprête à tourner le coin, il aperçoit une ancienne connaissance, un confrère de classe au collège Sainte-Marie, perdu de vue depuis quelques années.

Henri Roberge et Jules Faubert, formaient autrefois une de ces paires d’amis entre lesquels