Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/14

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il n’y a pas de secrets. Leur amitié était de celles qui ne s’éteignent rarement, pour ainsi dire, jamais. L’on est deux, trois, quelques fois dix ans sans se voir. Un jour l’on se rencontre. Le temps n’a rien changé et l’on se retrouve comme si l’on s’était quitté de la veille.

L’auto stoppe. Échange de poignées de mains. Questions banales, invitation à la promenade.

En cours de route, pendant que le moteur halète, régulier, et qu’on entend siler les roues.

— Tu as appris que je me mariais, dit Roberge.

— Non !… C’est sérieux ?

— Puisque je te le dis….

— Avec qui ?

— Pauline Dubois.

— Hein !… Pauline Dubois !…

— Parfaitement. Tu la connais ?

— Non… je crois l’avoir entrevue autrefois, mais il y a longtemps. En autant que je me rappelle… c’est une blonde assez jolie…

— Très jolie et j’en suis fou.

— À quand ton mariage ?

— À l’automne.

— Tu la connais depuis ?…

— Trois mois à peu près. Je mène le mariage comme une affaire. Elle me plaît. Je lui plais, on s’aime, on se marie et tout est dit. Pourquoi éterniser ces visites qui ne nous laissent qu’un désir fou de possession.

— Tu as raison.