Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/137

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— Pas encore. J’ai écrit hier. Croyez-vous que le président de la Cie de Pulpe du Lac St-Jean accepte votre proposition ?

— J’en suis convaincu. La dernière fois qu’il est venu à Montréal, il m’a laissé entendre qu’il fusionnerait ses intérêts avec les miens. Je laisserai les papiers nécessaires chez mon notaire. L’autre parti n’aura qu’à signer. Tu y verras toi même. C’est très important… C’est à peu près tout… Fais téléphoner pour mon auto, je vais chez Noël.


Ce soir là, il dînait en compagnie de Pauline Dubois, ignorant que cette coïncidence était l’effet des calculs machiavéliques de trois cerveaux de femmes acharnés à sa perte. Il fut aimable, et contre son habitude, galant. Sa galanterie portait dans le vide. Pauline Dubois fut hautaine, fière, et inaccessible. Elle s’ingénia à piquer l’amour propre du financier par de petite phrases insidieuses et savantes, étudiées à l’avance, comme son attitude composée et pourtant naturelle.

Quel fut l’effet de cette entrevue ? Personne ne le pourra savoir. Jules Faubert ne se départit pas un instant de son air enjoué. En arrivant chez lui, on l’aurait cru occupé, uniquement, à savourer le cigare qui, rarement, ne quittait ses lèvres.