Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/139

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— Une tasse de thé, Claire.

Claire interrompt sa partie et va rejoindre le groupe.

C’est une délicieuse enfant de 19 ans, fraîche comme une fleur après la pluie, quand le soleil s’y pose. L’animation du jeu lui a mis un peu de rose aux joues. Jacques la suit. Il est bien peigné, la tête reluisante comme une bille, à cause de ses cheveux lissés par la brillantine. Il s’avance en se dandinant, prétentieux et infatué, et murmure à Claire des compliments fadasses.

— Jacques, voyons ! C’est assez ! Vous m’ennuyez avec vos compliments.

— Mais vous savez bien que je vous adore.

— Tachez de trouver autre chose que ce « je vous adore ». Vous n’en pensez pas un traître mot. Pauline, votre frère a la manie de répéter à toutes les jeunes filles qu’il les adore. Encore hier à…

— Mais oui Claire, je suis sincère.

— Tant pis pour vous si vous m’adorez. Moi je ne vous adore pas.

— Et pour cause, interrompt Germaine, je connais un homme bien heureux…

— Et c’est…

— Vais-je le nommer ?

— Je te le défends.

— Il sera ici tantôt…

— Germaine !…

— Je ne l’ai pas nommé.