Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/140

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— Ils seront deux tantôt… Lequel des deux ? demande Hortense impitoyable. M. Faubert ?

— Oh ! non ! Lui, il me fait peur ! Il a une façon de nous regarder qui… Mon Dieu, mais les voilà qui enfilent dans l’avenue.

Le ronronnement d’un moteur d’auto, et le grincement des roues sur les graviers viennent mettre fin à la conversation. Deux hommes descendent.

Les joues de Claire Bourgeois, de roses qu’elles sont, passent au pourpre, et une moue de dépit plissent ses lèvres fines quand elle voit Pierre Tremblay, le jeune secrétaire de Faubert, presser d’abord la main de Germaine et l’envelopper toute entière d’un regard de ferveur.

Et comme il s’éternise à s’informer de ses nouvelles, et semble l’oublier, elle lui lance de sa petite voix flutée :

— Bonjour M. Tremblay.

— Bonjour mademoiselle… Vous êtes exquise cet après-midi. Ce costume vous sied à ravir.

— Vous trouvez ?

— Il vous rendrait plus charmante encore, si c’était possible.

Son cœur bat plus fort. Elle reste interdite, sans parler. Les deux hommes s’avancent vers le kiosque.

Pauline n’accorde pas plus d’attention à M. Faubert que ses devoirs d’hôtesse n’en exigent. Hortense les examine chacun leur tour, tâchant de découvrir quelques indices de leurs amours réciproques.