Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/153

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Jusqu’ici, l’Abitibi était son principal champ d’action, et c’est là que Faubert le frappe.

Partout où Coulter a passé, ses hommes suivent, offrant à ceux, très rares cependant, qui ont signé des contrats avec l’adversaire, une piastre la corde plus cher que les prix garantis. Le bruit court, devance les agents, et au bout de deux semaines la maison rivale doit porter ses activités ailleurs.

Avec les nouvelles générales, les détails de ce petit duel ne manquent pas d’arriver à Montréal, saluées différemment dans l’un ou l’autre bureau.

Faubert s’en réjouit ; Coulter en rage.

Le premier rencontre parfois le second à des dîners d’hommes d’affaires, ou dans la rue.

Ironique, il s’informe toujours de la tournure des choses, comme s’il n’était au courant de rien.

Coulter, quand ils ne sont pas seuls se borne de répondre : « Pas mal » — et « Darn’it we’ll see the end », quand il n’y a pas de témoins.


Le récent voyage en Europe a rapporté de bons résultats. Des bateaux partent chargés à plein bord de pâte à papier, à destination de Liverpool et du Havre. Les chargements s’effectuent sans répit. Le marché européen déséquilibré est à la merci de l’Amérique.

Partout, pour Faubert, il y a un surcroît de bénéfices ; ses exportations au-delà des mers lui rapportent plus que ses transactions avec les amé-