Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/157

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Le « merger » qu’il voulait former est fait accompli. Depuis quelques semaines, Faubert, le « Devil », est bien le roi du papier. Sa compagnie est peut-être à l’heure actuelle la plus puissante au monde. En plus, il est propriétaire de deux chemins de fer, intéressé dans presque toutes les usines à pâte de Shawinigan, des Trois-Rivières, ainsi que de quelques autres dans l’Ontario.

C’est lui qui à la Bourse fait le beau et le mauvais temps. C’est le Napoléon de la finance, le conquérant dont l’ascension rapide vient de se couronner.

Il est au summum des honneurs !

Ce soir, un grand banquet au Viger, banquet en l’honneur de son trente cinquième anniversaire, coïncidant avec la formation du merger, a réuni, avec ses amis intimes, les hautes personnalités de la finance auxquels se sont joints quelques représentants du monde parlementaire.

Ç’a été l’apothéose, la consécration officielle, définitive de sa souveraineté d’homme d’affaires.


Il est quatre heures du matin. Énervé, le financier se promène dans son cabinet de travail grillant cigare par dessus cigare. Ses yeux fatigués par la nicotine, sont comme remplis de cendre ; la langue et le palais brûlés lui donne la sensation d’avoir la gueule emportée.

Qu’importe !