Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/161

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l’unique objet de son ambition. S’il a voulu être « quelqu’un » c’est pour elle.

…Et Faubert revoit les yeux noirs aux cils longs, les lèvres minces contre lesquels il voudrait écraser les siennes.

Oui, il l’aime avec violence, avec frénésie. Sans elle la vie ne vaut pas d’être vécu. Sa poitrine sous l’empire de ce sentiment qu’il vient enfin de s’avouer, s’élargit.

Le monde entier n’est rien. Il n’y a qu’elle ! Elle… Elle seule.

Ah ! qu’il était fou de s’être menti à lui-même si longtemps !


Le jour augmente d’intensité. Les coins reculés de la pièce sortent de l’ombre.

Il sonne son valet.

— François, fais-moi préparer un café, très fort, avec du cognac.

Une douche froide le stimule. Les fatigues de la nuit ne paraissent presque plus.

Il fait seller son cheval et avant de reprendre son travail, file à bride abattue vers la montagne. Dans les sentiers qui courent sous bois, il va, au grand galop de sa monture, laissant l’air frais lui fouetter le visage et lui calmer le sang.