Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/160

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Il va s’écraser dans un fauteuil et demeure la tête dans les mains ! C’est la crise sentimentale, la crise de la trente cinquième année. Ce n’est pas celle que Bourget a décrite dans son « Démon du Midi », mais une autre plus puissante. Elle participe de toute la fougue de la jeunesse qui n’est pas morte et de la force de l’âge mûr.

Son cœur qui n’a pas eu le temps de battre et de vivre, son cœur qu’il a meurtri, essayant de l’anéantir, réclame ses droits.

Il envisage l’avenir. Il en a le frisson.

Seul depuis sa dix-huitième année, n’ayant jamais connu de mère, il a toujours vécu d’une vie cérébrale sauf quelques rares moments.

Ces rares moments se dressent devant lui.

Et Faubert qui vient de remporter la grande victoire de sa vie, et Faubert qu’on a fêté tout à l’heure, et Faubert, l’homme puissant, maintenant qu’il a réalisé son rêve, se rend compte pleinement qu’il n’est pas satisfait de la vie.

Son orgueil a épuisé jusqu’à la lie la coupe de ses plaisir ; il est repu. Il se tait.

Et c’est le cœur qui domine. Il prend la place de l’autre. À son tour, il veut sa part.


Le soleil frappe dans la fenêtre. La lampe électrique pâlit.

Le roi du papier se redresse. Avec le jour, il commence à faire clair en lui.

Il aime Pauline Dubois. Il l’aime par toutes les fibres de son être physique et moral. Elle est