Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/173

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…La porte s’ouvre. Une femme entre. Faubert tressaille. La vie s’arrête en lui…

— Vous… vous…

— Oui, Jules…

— Quand je suis ruiné, par vous à cause de vous, vous voulez vous repaître de ma vue ; vous voulez voir jusqu’où je suis descendu.

— Non ! Jules !… Je venais vous dire : « Me voulez-vous… Je vous appartiens… Mon âme, mon corps, tout ce qui est moi. »

— Vous m’aimez ?… même ruiné…

— Même ruiné…

Le roi du papier se lève. Il regarde Pauline ; il y a dans les yeux noirs la promesse d’un bonheur si grand qu’il en est étourdi. Pour ne pas défaillir il s’accroche à la table. Un effort raidit tout son être. La taille se redresse. Les yeux gris retrouvent leur énergie d’antan, le même regard conquérant de jadis, y brille à nouveau.

Puis, dans l’exaltation d’une résolution subite, Jules Faubert regarde l’avenir. Si sombre puisse-t-il paraître, il ne lui fait pas peur. Toute sa personne respire la fierté…

Il s’approche de Pauline… et sur ses lèvres il scelle son pacte avec la vie, il scelle sa réconciliation avec la chance.

Le Faubert, qui était mort, ressuscite… plus fort qu’autrefois…

La ruine l’a frôlé de son aile… qu’importe !

La banqueroute est devant lui.