Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/28

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bout de ses phrases se jouer des avenirs contraires.

L’horloge, avec un tic tac monotone, fait avancer ses aiguilles, régulièrement.

Dans son espoir se mêle la peur d’affronter le regard indifférent et lointain qu’elle sait prendre et cette signification de mépris hautain contenu dans la pose de tout son corps.

Regardant l’horloge, il voudrait à la fois, et qu’elle se hâte et qu’elle retarde.

Les minutes s’envolent et retombent dans le néant de ce qui fut.

Et voilà qu’il rit… Il rit d’un petit rire sec comme le bruit d’une branche que le gel fait craquer.

Puis, une dernière fois, comme un général son armée, il fait l’inspection de sa toilette. Tout, du faux col à pointes, de la cravate bleue à pois blancs, jusqu’aux chaussettes de soie, aux souliers vernis, est impeccable.

Un regard dans la glace.

Ses yeux sont un peu gonflés. Ça ne lui sied pas trop mal. La peau du visage est presque rosée, sauf le haut de la lèvre et le menton d’une teinte mauve.

Complaisamment, il s’admire. Il se trouve joli homme.

Le front bien uni, droit et large ; les sourcils fins, courbés en croissants ; des yeux bruns, d’un brun chaud ; le nez aquilin tombant droit. Il s’adresse