Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/51

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attitude à lui, calme et froide, et celle de la jeune fille qui, dès l’abord, avait obéi, du moins physiquement à une émotion dont il ne pouvait ignorer la cause, il eut la certitude qu’il la possédait moralement, que c’était pour lui, qu’elle venait de briser ses liens antérieurs.

Elle voulait être libre pour le jour où il s’avisera de la regarder telle qu’elle est, dans la plénitude de sa beauté et l’épanouissement de sa mûre jeunesse.

Cela lui est une jouissance d’orgueil, la jouissance mâle de l’homme qui tient un être à sa merci.

Immédiatement il chasse ses idées comme on fait des pensées malsaines.

Une fois il s’est éloigné. Il ne reviendra pas sur une décision prise froidement.

Il a souffert suffisamment pour ne pas recommencer aujourd’hui à se forger une chaîne sentimentale qui lui nuira dans la vie, chassera sa tranquille lucidité d’esprit et mettra un obstacle au parachèvement de ses rêves.

Une fois, il a dit : Non.

Irrévocablement.

— Tu veux un conseil ? as-tu de l’énergie assez pour vouloir guérir ?…

— Si c’était possible

— C’est très possible… Cette femme, tu l’as aimée…

— Comme un fou.

« Moi aussi » pense-t-il et de nouveau Pauline Dubois, s’empare de son esprit. Il voit ses yeux