Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Alors change de vie… mais pour l’amour du ciel ne te complais pas à cultiver ta mélancolie. Mets la distance entre elle et toi… À propos… il n’y a rien qui te retienne à la ville ?

— Non… rien… sauf.

— Je pars en voyage. Tu viens avec moi. J’ai une proposition à te faire, avantageuse sous tous les rapports.


Une heure plus tard ils étaient installés dans l’un des convois du Canadien Nord à destination d’Hervey où se fait le raccordement pour Amos.

Enfoncé dans les banquettes vertes, gardant un mutisme que motivent des raisons différentes, ils regardent au dehors défiler les scènes variées de la campagne canadienne.

Ce sont des champs d’avoine blondissants, des pâturages où des vaches rousses ou noires, contemplent béatement le train qui passe ; plus loin un vallonnement ; un ruisseau dans le fond roule vers le fleuve ou la rivière plus proche ses eaux vaseuses ; autour des saules et des hêtres ; une route qui mène à un village dont le clocher de l’église reluit sous le soleil d’automne ; parfois un petit bourg qu’on traverse dans un bruit de ferraille


À Hervey, le « National » avait une heure de retard.

Sur la plateforme, des « lumberjacks » des gars de chantier vont, viennent, circulent, dans leurs costumes pittoresques presque identiques. Bottes