Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ensuite ce fut le travail ardu qui absorbe tout. Il s’acclimata à la région, y découvrit des charmes et des beautés, chaque jour, pendant que rapidement guérissait la blessure, qu’il avait là, au cœur.

Il ne ressent plus ni amour ni haine pour Pauline ; elle lui apparaît comme une amie qu’il a connue et quittée, tel qu’il arrive souvent dans ce mélange d’incidents grands et petits qu’est la vie.

La conscience qu’il a d’être associé à une œuvre formidable le stimule. Car l’entreprise projetée est formidable. Emmagasiner de l’eau pour en développer de l’énergie ; avec cette énergie activer une usine qui donnera de l’ouvrage à des centaines d’ouvriers, cela à quelque cinquante milles de la voie ferrée. C’est suffisant pour donner une signification à son existence. Et puis surveiller les intérêts d’un ami, intérêts immenses, tellement, qu’il se demande parfois comment celui-ci peut faire pour tout mener à bien quand à cinq ou six endroits du pays le même travail gigantesque doit s’accomplir.

D’être débarrassé de ses tracas sentimentaux, de ne plus sentir l’aiguillon de la souffrance morale le darder, continuellement, à l’endroit le plus sensible de son être, lui fait trouver la vie bonne à vivre.

Macamic, bien qu’encore récent, est un joli village. Traversé par la voie ferrée, il s’étend en amphithéâtre, autour de son lac aux eaux jaunâ-