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Page:Paquin - Jules Faubert, le roi du papier, 1923.djvu/90

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S’il l’aimait réellement, sincèrement, serait-il demeuré des mois sans seulement s’informer de ses nouvelles ; lui aurait-il répondu, comme il a fait, quand, à deux reprises, elle a voulu communiquer avec lui. Elle en vient à croire que jamais il ne lui pardonnera, d’avoir, il y a des années, oh bien innocemment, embrassé un de ses amis d’enfance.

Pourtant cette phrase qu’il n’a pas terminée, cette nuit-là, sur la montagne, au clair de lune ; ce manque de sûreté dans la voix, cette ferveur dans le regard. C’était bien un aveu.

Que penser ? Que conclure ? Espérer ? Désespérer ?

Suivant en cela, l’exemple de Mahomet, elle décide, une fois encore que puisqu’il ne veut pas venir à elle, elle ira à lui.

Le prétexte est tout trouvé.

Elle sait, pour l’avoir vu dans les journaux, qu’il forme une compagnie nouvelle. Elle peut disposer de l’argent laissé par sa mère. Quoi de plus simple que de rendre une visite strictement d’affaires dans le but de placer des fonds dans l’entreprise. Il faudra bien alors qu’il la reçoive. Il faudra bien qu’il discute.

Elle le verra dans le milieu familier, ce sanctuaire de la finance.

Il la regardera lui aussi. À force de la regarder il finira peut-être par la voir. S’il y a dans cette poitrine quelque chose qui peut vibrer, à force de la voir, il devinera le secret qu’elle porte, s’il ne