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Se rappelant le dicton qu’on n’est pas bon prophète en son pays, il se hazarde à parler aux masses dans les salles et du haut des tribunes en temps de luttes électorales. Il réussit si bien dans ce genre d’éloquence que les chambres des Communes, à Ottawa, virent apparaître M. Girouard, comme député Acadien du comté de Kent.

Des circonstances incontrôlables obligèrent le jeune ecclésiastique de quitter sa chère Acadie et sa deuxième Alma Mater.

Il venait, en effet, de dire adieu au monde une seconde fois, en endossant l’habit clérical, et cela à la grande surprise de ses amis politiques.

Mais semblable à Lacordaire, il voulait mettre au service d’une noble cause les feux ardents de son âme.

Monsignor Labelle, alors curé de Saint-Jérôme, s’était épris des talents oratoires du jeune lévite, dont les succès en Acadie devenaient connus dans la province de Québec. La colonisation marchait à pas de géant. L’Abbé Samuel Ouimet, frère de celui dont nous faisons actuellement la biographie, venait d’être nommé curé à la Rouge, comprenant un territoire aujourd’hui divisé en cinq paroisses florissantes.

Quant à notre jeune ecclésiastique, il se vit en face de puissants contradicteurs qui s’étaient mis dans la tête que l’ex-frère des Écoles Chrétiennes n’arriverait pas au sacerdoce.

Ennuyé, découragé par une lutte vraiment inégale, il vint annoncer à son curé et meilleur conseiller qu’il renonce à ses aspirations. Mais le vaillant apôtre de la colonisation reçut cette nouvelle avec cette remarque digne d’attention : « Tes puissants adversaires sont décidés à te fermer les portes du sanctuaire, mais si tu as un peu d’énergie rien ne peut t’empêcher d’y entrer, dès lors que tu as la vocation : la terre est grande, et il est triste de s’exiler, mais pour obéir à la volonté de Dieu soumets-toi à cette nécessité. »

En mars 1878, il arrivait à Bourbonnais, Illinois, sans tambour ni trompette, poursuivant avec son ami Gosselin l’étude de la théologie.

Ce fut en juillet, 1883, que M. Trefflé Ouimet reçut le sacrement de l’Ordre. Ce même jour, il fut appelé à desservir comme assistant la paroisse Canadienne de Chicago.