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Page:Paquin - Le nationalisme intellectuel, 1930.djvu/5

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LE NATIONALISME INTELLECTUEL



Comme il y a une majorité pour les individus, il y a une majorité pour les peuples, et les peuples qui aspirent à la grandeur et au progrès doivent tendre vers la maîtrise de leurs destinées.

Après trois cents ans d’existence, nous sommes encore des coloniaux : coloniaux politiques de l’Angleterre ; coloniaux économiques des États-Unis ; coloniaux intellectuels de la France.

Cette triple sujétion doit-elle constituer notre idéal ?

Je réponds franchement : non ! Car ce serait une sorte de résignation lâche à n’avoir aucune originalité ethnique ; ce serait la consécration d’un état d’esclavage — mitigé je le veux bien — mais esclavage quand même d’un peuple dans toute sa vigueur et la force splendide de sa jeunesse.

Le temps est donc venu où nous devons songer à nous débarrasser des tutelles, de toutes les tutelles.

Que dirait-on d’un jeune homme, qui, la vingtaine passée, ne pourrait faire un pas dans la vie, sans se tenir agrippé d’une main aux jupes de sa mère et de l’autre aux basques d’habit de son père !

Pour peu flatteuse que soit la comparaison, nous pouvons, dans une certaine mesure, nous l’appliquer.

Si, dans les domaines politique et économique, l’évolution des esprits s’accentue vers un idéal nouveau d’indépendance et d’émancipation, par contre, dans le domaine intellectuel, nous n’avons rien fait pour secouer l’asservissement qui pèse sur nous,