Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/11

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sante. Assis sur le lit bas de sa cellule, Lucien Bernier retrouvait, d’abord vague, puis se précisant, le souvenir des événements derniers.

Depuis plus d’un mois, le chômage.

Une à une, les économies s’en étaient allées.

À son foyer, la misère hideuse et sordide s’était installée, et, avec elle, en compagne fidèle, la maladie. Louise, sa femme, épuisée par les privations, gardait le lit. Une mauvaise grippe menaçait de dégénérer en pneumonie.

Gagné, tenaillé par le désespoir, il regardait l’avenir avec crainte, avec horreur.

Qu’adviendrait-il de Louise, qu’adviendrait-il de Jacques, si rien ne survenait ?

Toutes ses démarches en quête de travail, se résumaient en ce mot : Insuccès.

Un soir, en parcourant, dans le journal, la colonne des faits divers, une idée lui était venue qui, après s’être infiltrée sournoisement en lui, s’était emparé de son cerveau, de sa volonté. Coûte que coûte, il se procurerait l’argent, les vivres, les remèdes nécessaires.