Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/126

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Elle n’en voulait pas à l’absent ; ne le détestait pas. Il n’existait plus.

En un repli profond de son cœur, elle conservait le souvenir très doux d’un quelqu’un qui, par un crépuscule glorieux, lui avait murmuré à l’oreille les mots grisants d’amour. Ce quelqu’un était mort.

Et un matin, Jacques Bernier revint à Durant.

À cette nouvelle, son cœur qu’elle croyait insensibilisé, se remit à battre et bien fort.

La garde autour d’elle se resserra des phrases accusatrices.

Des sentiments contradictoires la ballotaient comme sur les eaux d’un lac, les éléments en furie ballotent la frêle embarcation.

Des velléités lui vinrent de croire en lui.

Elle se rappela des mots, des phrases, des affirmations, et ces mots, ces phrases, ces affirmations excluent l’homme de sa pitié.

Il rentrait chargé de bagages, chargé de butin, abrégeant son séjour au loin.

Avait-il peur de lui-même, peur de son remords ?

Heureux d’être de retour, le trappeur se précipita vers la cuisine où il savait la trouver.

Au bonjour joyeux qu’il lança vers elle, elle opposa la froideur de son accueil.