Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/149

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traverser dans sa longueur. Il aborda dans une baie, glissa son canot à terre, déballa ses effets, leva sa tente pour la nuit.

Il remit à plus tard de choisir un endroit plus central de campement d’où il pourrait rayonner dans la région qu’il se proposait d’explorer.

L’on a trouvé, pour qualifier l’état d’esprit des prospecteurs dans leurs pérégrinations, une expression qui le définit bien. Ils sont atteints ou possédés de ce que les anglais appellent la « gold fever », la fièvre de l’or.

C’est, en effet, une névrose véritable qui les étreint, une sorte d’exaltation constante qui décuple leurs facultés sensitives.

S’en aller au hasard, se pencher sur le sol, gratter l’humus pour voir si, dessous, il n’y a pas quelque roche indicatrice ; fouiller la terre, la creuser pour découvrir la veine aurifère ; se dire que peut-être sous la mousse où le pied se pose gît un trésor fabuleux qui fera de soi un homme riche et puissant, il y a de quoi fournir à l’imagination un élément capiteux qui la grise, et va jusqu’à la détraquer.

Cette fièvre de l’or, Jacques Bernier l’éprouva.

Il connut cette ivresse des sens et du cerveau.