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Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/165

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montrait des crocs impressionnants, pointus et longs.

— Fido ! Ici !

Cette fois l’animal obéit. Lentement, comme à regret, il revint vers son maître en grognant de colère.

Celui-ci lui assujettit le collier qui tenait à la chaîne et l’attacha solidement à une souche.

Dans la baie, un canot automobile naviguait dans sa direction.

Il descendit vers la rive, et, la tête droite, un peu rejetée en arrière, les deux poings sur les hanches, il attendit l’arrivée des importuns visiteurs.

Que lui voulait-on ? Et pourquoi venait-on troubler la paix de sa retraite ?

Debout ainsi, dans ce décor rustique, avec son torse presque nu, et l’expression énergique et dure de ses traits, il personnifiait la force indomptée et sauvage. Il formait un tableau bien propre à séduire un peintre : Le fond sombre de la forêt, la cabane de troncs d’arbres, le chien qui se cabrait au bout de la chaîne, en roulant vers le lac les yeux torves de ceux de sa race.

— Vous aviez raison, monsieur Gingras. Votre