Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/17

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Elle ne songeait pas, ne pouvait pas songer, qu’il avait besoin de tendresse et d’affection, ce petit être humain qu’elle avait formé de sa chair ; que son enfance solitaire réclamait sa part d’amour.

Pouvait-elle donner ce qu’elle ne possédait plus ?

Tout était mort en elle des sentiments qui jadis la soutenaient.

Longtemps, Jacques devait se souvenir des années grises de sa prime enfance. Elles le marquèrent d’un sceau qui jamais ne s’effacera, imprimant à son caractère malléable quelque chose de farouche, de dur, de fataliste aussi.

Quand il fut devenu un peu plus grand, il se glissait jusque dans la rue, où des petits garçons comme lui jouaient, criaient, couraient. Il aurait voulu se joindre à eux, partager en la faisant sienne la gaieté qu’il voyait. Dès qu’il apparaissait, on le fuyait.

La consigne était sévère dans le quartier. Les mauvaises nouvelles voyagent vite. Les mamans ne voulaient pas que leurs petits viennent en con-