Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/177

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joyeux compagnon pétillant d’un esprit faubourien et rosse, sempiternellement décavé et à la recherche d’un expédient neuf.

Les malheurs — ses déboires conjugaux avaient fait un temps la risée de la ville — passaient sur lui sans l’affecter, comme l’eau sur les canards.

Dans l’esprit de Julien Boily, et il avait ses raisons d’agir ainsi, c’était en plein l’homme qu’il fallait pour « déniaiser son ours du Nord », son paysan du Danube.

Il y a des sentiments, entre autres la surprise et l’ébahissement, qu’on ne peut cacher malgré toute la maîtrise de soi-même.

C’est à cela que Joyal se faisait fort de reconnaître son homme au débarcadère de la rue Moreau.

Et, en effet, il le reconnut facilement.

À peine avait-il fait quelques pas sur la plateforme, que Jacques Bernier vit s’avancer vers lui, un petit homme au visage émacié et précocement ridé, vêtu avec élégance, quoique les habits dénonçassent l’usure, et dont les yeux pétillaient, même au repos, d’un sourire malicieux, spirituel et cynique.

— Monsieur Bernier ; monsieur Jacques Bernier ?