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Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/178

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Interloqué, il répondit :

— C’est bien moi.

— Je suis Paul Joyal. Monsieur Boily, que vous connaissez, a pensé que vous seriez bien aise d’avoir un guide dans Montréal. C’est la première fois que vous y venez ?

Le front se rembrunit.

— La première fois depuis vingt et un ans.

— Vous ne deviez pas être vieux à cette époque. Il y a bien des raisons pour que vous ne vous reconnaissiez plus.

Il commanda un taxi, y fit monter le nouveau venu, y prit place lui-même. Après avoir traversé toute une partie de la ville, l’auto stoppa devant l’hôtel Windsor où une chambre, déjà, était retenue.

Jacques se laissait faire. L’autre s’imposait tellement. Et puis, n’y a-t-il pas une certaine satisfaction à se payer le luxe d’être servi.

Avec Paul Joyal, le danger n’existait pas d’une trahison.

Malgré sa malice et son astuce, il n’était pas dangereux. Le trajet en auto, de la gare Moreau au carré Dominion, est long suffisamment pour permettre d’étudier un homme, surtout quand cet