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Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/179

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homme parle avec une verve et une volubilité intarissables.

Comme ses moyens lui permettaient cette fantaisie, Jacques Bernier décida de s’en faire un cicerone, un garde de corps et un amuseur tout à la fois.

Ce petit homme devait avoir sur la vie et les gens des aperçus originaux.

Il connaissait les dessous de bien des affaires ; c’est probablement à cet excès de renseignements, qu’il devait le cynisme qu’à chaque circonstance favorable, il ne manquait jamais d’étaler. La futilité de ses propos cachait mal un mépris perçant.

Il méprisait les hommes avec plus d’élégance que Jacques Bernier peut-être, mais pas aussi sincèrement, et, pour des motifs tout autres.

Il rendait tout le monde responsable de sa faillite personnelle.

Celui qu’il méprisait le plus était encore lui-même. Il se connaissait trop pour nourrir quelqu’estime de sa propre personne.

Malgré la disparité des caractères et des tempéraments, Jacques se plaisait dans sa compagnie. Elle l’amusait.

Il lui savait gré de sa sincérité, parfois brutale.