Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/191

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— Vous voulez que je m’en aille ? Excusez-moi si je n’ai pas saisi le sens de vos paroles tout à l’heure. J’avais une proposition à vous faire. Je voulais vous amener aux Follies ce soir. Il paraît que le « show » va être bon.

La mélancolie de Jacques Bernier avait besoin de réactif. Il déclina d’abord, puis accepta. Cette distraction folle chasserait peut-être les idées noires qui l’assaillaient.

La tristesse s’infiltrait en lui, comme aux heures grises de son enfance malheureuse. Sans y parvenir, il s’essayait à la secouer, à chasser le spleen où il menaçait de sombrer.

— Vous avez soupé, demanda-t-il ?

— Non.

— Eh bien ! Sonnez le boy, nous mangerons ensemble.

Sous l’effet des quelques verres de vin dégustés au cours du repas, sa langue se délia un peu et il raconta les péripéties de l’après-midi et ses impressions déprimantes.

— Votre expérience s’enrichit. Vous n’êtes pas dans le bois ici. Il faut se faire aux mœurs, ne pas s’affliger des injustices. Sans cela on serait trop malheureux.