Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/193

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gant et formait avec son compagnon le contraste le plus frappant.

Le taxi les attendait dans la rue.

En pénétrant dans le café, richement décoré, rutilant de lumières, Jacques Bernier perçut une impression complexe assez difficile à démêler. Cette profusion d’éclairage et de faux luxe l’éblouissait. Cette foule d’hommes et de femmes bas-vêtues, riant aux tables, lui inspirait quelque chose de pénible, un sentiment inavoué de gêne. Les accords frénétiques et disgracieux du jazz agissaient sur ses nerfs.

Se laissant guider par son compagnon, il se dirigea vers une table, dans un coin d’où il pouvait embrasser d’un coup d’œil la salle toute entière. Au milieu, un espace libre où sur le parquet luisant et ciré, des couples évoluaient. Sur une estrade, les musiciens en jaquettes rouges, galonnées d’or rythmaient le pas des danseurs. Autour, les tables.

Le garçon s’approcha. Paul Joyal, à l’aise dans cette atmosphère factice, comme dans son élément naturel, ordonna le menu. Comme un autre payait, il n’y alla pas mesquinement ; les vins qu’il