Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/34

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jeune force s’était épanouie, et il avait grandi comme un plant robuste et sain.

Philibert ne regrettait pas sa bonne action.

Jacques l’aidait dans les travaux du défrichement : il ébranchait les arbres, empilait les déchets, conduisait les chevaux, et, souvent, faisait le train. Le bétail était peu nombreux : une vache que Madame Jodoin trayait elle-même, deux chevaux, quelques dizaines de poules et un cochon. Mais c’était autant de gagné. Philibert en profitait pour vaquer à d’autres occupations.

Quand il supputait l’économie de gages ainsi réalisée, il se félicitait en lui-même d’avoir accueilli l’orphelin. Pour rien au monde, cependant, il n’aurait admis ces motifs intéressés. Seule l’impulsion de son cœur l’avait guidé.

Une bouffée d’orgueil lui montait alors au cerveau de se savoir si bon.

Jacques ne leur causait guère de soucis. Il ne jouait pas, ne parlait presque pas, n’exigeait rien, acceptant tout, sans remercier si c’était une fa-