Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/66

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apporte la nostalgie des voyages est le grand événement des villages neufs.

Longtemps d’avance, avant l’arrivée du train, la population presqu’entière se transporte sur le quai de la gare.

La plateforme de bois qui longe la voie ferrée se remplit de colons, de femmes, d’enfants. Les groupes se forment. L’on commente les derniers potins, l’on suppute les prix probables du bois, l’on cause de la venue prochaine des « colleurs » des acheteurs. Les cancans vont leur train, les commérages où s’égratignent les réputations.

Ce jour-là qui était un dimanche, Jacques se promenait seul, n’osant se mêler aux groupes.

L’isolement, de toutes parts, l’environnait.

Au passage, quelqu’un, plus brave que les autres, l’interpella, d’une question banale posée avec l’idée probable de protester contre l’ostracisme.

Il répondit, pour la forme, lui aussi, et continua sa route.

À peine éloigné de quelques pas, il entendit un murmure confus où vaguement il distinguait des reproches. Prêtant l’oreille, des bribes de phrases