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Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/76

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— Ça m’a l’air du bon monde, ici, se dit-il à lui-même.

Incontinent, il décida d’y passer l’été.

Le propriétaire de l’établissement, Wilfrid Lambert, appartenait à cette catégorie de gens sur qui le malheur semble s’acharner avec une prédilection particulière. Par une suite de malchance : grange brûlée, récolte manquée, mauvais placements, il avait dû vendre sa terre pour faire face à ses obligations.

Trop fier pour demeurer dans un village, témoin d’une fortune meilleure, il ramassa le peu d’économies qui lui restait, et avec sa famille, vint s’établir à Durant, qu’on venait d’ouvrir à la colonisation.

Arrivé l’un des premiers, il choisit pour son fils et lui, deux lots avantageux à proximité du chemin de fer, s’y construisit une maison, accepta des pensionnaires. Madame Lambert et Mariette, dont les dix-huit ans se paraient d’une taille bien tournée et souple, d’un visage agréable aux couleurs fraîches et du rire joyeux et clair de la jeunesse, vaquèrent aux soins du ménage et de la cuisine. Quant à lui, aidé par Joseph, son fils, il se