Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/84

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Là, ils devaient s’embarquer dans un canot que Joseph possédait et qu’un amas de branchages dérobait à la vue des trappeurs ou des prospecteurs qui auraient pu être tentés de s’en emparer.

Silencieusement, à la file indienne, ils allaient tous les quatre, enjambant les corps d’arbres, évitant les trous.

Le jour se leva bientôt, un jour pâle et gris.

Le soleil ne parvenait pas à percer les nuages amoncelés.

Pourvu que la neige ne se mette pas à tomber et qu’il ne gèle pas trop fort d’ici quelques jours !

Sortir le canot de la « cache »… Le glisser à l’eau… Le charger.

Un bonjour, des souhaits de bonne chance, et puis, deux avirons qui s’élèvent, s’abattent, déchirent l’eau.

Le père Lambert et le voisin s’en retournent ; les deux trappeurs s’enfoncent dans la sauvagerie, sans regret de la civilisation, ou plutôt de l’embryon de civilisation qu’ils laissaient derrière eux.

Ils étaient accoutumés de vivre au milieu de la