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Page:Paré - Lettres et opuscules, 1899.djvu/116

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lettres

de plus que avez à manger un rosbif sans sauce, à une heure impossible, au Lac Édouard, en guise de dîner ; que, grâce au vacarme, vous ne pouvez causer avec votre ami, collaborateur de l’Union Libérale, et par conséquent, très intelligent et très spirituel ; et qu’enfin, grâce à la rapidité avec laquelle le train s’enfonce en sifflant et en grondant dans les épaisseurs verdoyantes, vos yeux fatigués comme lorsque vous regardez dans un kaléidoscope ne voient qu’imparfaitement le paysage et n’aperçoivent bientôt plus que les poteaux de télégraphe qui courent les uns après les autres avec une vitesse dont vous seriez loin de vous faire une idée en regardant marcher un employé du gouvernement qui se rend à son bureau.

Vous pouvez cependant éviter le dernier inconvénient que je viens de signaler, en vous plaçant sur la plateforme du dernier char. C’est d’ailleurs ce que je n’ai pas manqué de faire. Sur tout le parcours, on ne voit que des sapins ; les uns sont longs et maigres comme les discours de M. Nantel, les autres, gros, vigoureux et touffus, font penser à M. Taillon :