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Page:Paré - Lettres et opuscules, 1899.djvu/137

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et opuscules

Votre collaborateur, très spirituel du reste, s’est mis dans la tête de railler ceux qui abandonnent les rangs si serrés de la grande armée des célibataires que renferme notre bonne ville.

Je vous demande un peu de quoi peut-il bien se plaindre ce cher monsieur Fantasio ? Quelqu’un menacerait-il par hasard de lui enlever cette douce liberté dont il paraît si jaloux et qu’il semble vouloir posséder éternellement.

Soyez tranquille, monsieur Fantasio. Les nombreuses abonnées de l’Union Libérale désirent vous lire encore longtemps, et pour réaliser ce désir, elles se ligueront pour vous empêcher de déserter la phalange heureuse des célibataires, comme l’ont fait ceux dont vous parlez. D’ailleurs, il y va de votre honneur : si le contraire arrivait pour vous, si vous commettiez vous-même une désertion, il vous faudra rétracter les paroles pour le moins imprudentes que vous vous êtes permises, et vous savez qu’il serait inconvénient d’obliger l’Union Libérale, ce journal à principes, à rétracter quelque chose.

Si toutefois, monsieur Fantasio, il vous arrivait de succomber, permettez-moi de vous dire qu’il ne faudrait pas alors vous décourager tout à fait.

Vous aurez perdu votre liberté de célibataire, c’est vrai.

Vous vous trouverez lié pour la vie, c’est encore vrai.

Mais, d’un autre côté, cette petite, celle-là, qui aura conquis votre cœur et mis fin à votre liberté, saura bien vous donner quelques dédommagements.

Ce sera elle qui partagera vos joies, qui vous attendra, encouragera vos efforts, applaudira à vos succès, espérant toujours pour vous de nouvelles gloires et rêvant de vous voir grand, grand comme le