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Page:Paré - Lettres et opuscules, 1899.djvu/154

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lettres

Il n’y a rien de plus joli que les vêtements d’été qui accusent les formes et font chatoyer des couleurs légères, gaies et claires.

Les hommes n’ont plus rien d’humain. Couverts de fourrures, les pieds dans des chaussures extravagantes, les mains dans des mitaines velues, l’homme a l’air d’un animal que les savants ont oublié de classer. Voyez cette forme confuse, hérissée de poils d’ours qui se tient immobile au coin de la rue : vous vous apercevez que c’est un cocher seulement lorsque les mots : « Carriole, monsieur ! » s’échappent des profondeurs de la fourrure.

Croyez-vous que le goût du beau peut se développer en nous quand nous avons de pareils spectacles sous les yeux ? Pensez-vous que les sculpteurs grecs auraient eu l’idée de donner au marbre les formes harmonieuses du corps humain, s’ils avaient vécu sous un climat comme le nôtre ? Les arts ne naissent que dans le pays où le soleil sourit à une terre en fleur, et voilà pourquoi nous serons toujours de lourds cerveaux, des gens dogmatiques et assommants.