teint partiellement, il est vrai, les fins pour lesquelles elle a été fondée.
Elle devait refléter les idées et les tendances de notre génération et continuer les traditions du parti libéral.
Elle a été fidèle à ce programme.
Nous avons voulu aussi mettre une certaine mesure dans l’appréciation des faits et des hommes, donner à nos lecteurs le sentiment des nuances, faire enfin du journalisme sérieux.
Il règne dans la presse une exagération de langage réellement plaisante.
Un prédicateur fait un sermon, c’est un chef-d’œuvre d’éloquence ; les médecins ou les avocats vont en Europe et reviennent transformés en abîmes de science ; on se contente de dire que les notaires sont tous des jurisconsultes éminents ; nos écrivains sont de profonds penseurs, leurs écrits sont dévorés par les gourmets ; il pleut des hommes de talent : il faut dire qu’ils sont aussi ennuyeux que la pluie ; les criminels même sont extraordinaires, ce sont des monstres à face humaine, des êtres qui n’ont rien d’humain.