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Page:Paré - Lettres et opuscules, 1899.djvu/208

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lettres

Pour un homme un peu timide ce n’est pas amusant d’être interrogé pendant trois quarts d’heure par un avocat retors, insolent, qui lui tend mille pièges où vont trébucher sa bonne foi et sa mémoire, d’être sous le feu de ses regards, de le voir frapper sur la table avec violence, relever les manches de sa robe d’un air de défi ou se poser de trois quarts, les poings sur les hanches en regardant les jurés comme pour les prendre à témoin de la mauvaise foi de sa victime.

Puis après avoir subi ses menaces et ses invectives, il se voit, lorsque l’avocat fait sa plaidoirie, sous le coup d’insinuations malveillantes ; on déchire à belles dents sa réputation ; souvent on va même jusqu’à dire que c’est lui qui devrait être à la place de l’accusé.

Quand on voit ces pauvres témoins on se dit que la carrière du journaliste n’est pas si noire après tout.