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Page:Paré - Lettres et opuscules, 1899.djvu/44

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lettres

les surfaces miroitantes des larges flaques d’eau ; volées babillardes et bruyantes de corbeaux qui s’enfuient à tire-d’aile se dessinant en noir sur le ciel gris ; couchers de soleil pâles et tristes comme le dernier sourire d’un mourant ; silence profond et mélancolique, troublé seulement par ces beaux torrents de rumeurs que roule le sommet agité des forêts ; voilà la campagne en automne.

Quelquefois, le paysage s’égaie. Dans un cours d’eau claire, qui roule en babillant sur le gravier, s’ébattent et pataugent avec délice de jeunes canards folâtres, tandis que leur mère, que sa dignité retient au rivage, lisse gravement ses plumes ou regarde sa jeune famille de l’air important d’un oiseau mûri par l’expérience, à qui une telle légèreté est tout-à-fait indigne de son âge et de sa position sociale. À quelques pas, une vache rousse, qui est venue boire, les considère paisiblement avec ses grands yeux doux et rêveurs, avançant son mufle noir et encore humide.

À la ville, la scène change.

Pour le citadin en général et le Québécois