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Page:Paré - Lettres et opuscules, 1899.djvu/45

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et opuscules

en particulier, cette saison est moins agréable. Il y a d’abord le vieil Éole qui tient une conduite vraiment blâmable. Comme s’il n’était qu’un simple gamin et non un vieillard blanchi par les années, il s’amuse à secouer les enseignes criardes, tente malicieusement de faire sauter les fenêtres de leurs gonds, enlève les couvre-chefs des bons bourgeois et leur souffle au visage des bouffées d’une pluie fine et glacée, puis s’en va grondant, se réjouissant avec grand tapage, comme s’il venait de faire une bonne plaisanterie. Aussi le spectacle que présente la ville est sombre. Les rues sont noires ; les piétons sont cachés sous les couvertures des parapluies qui vont et viennent en tous sens ; les superbes chevaux pur sang qui piaffaient, attelés à de brillants équipages, ont fait place aux maigres rossinantes de louage qui passent, trottant menu et secouant dédaigneusement leurs oreilles humides de pluie, comme pour donner une marque publique du profond mépris qu’elles éprouvent pour la conduite inconvenante du vieil Éole.

Cependant il y a, à la ville, des veillées