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Page:Paré - Lettres et opuscules, 1899.djvu/47

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et opuscules

le whist ou un jeu plus canadien, qui sent le terroir, le quatre sept. Il se passe alors de bonnes petites comédies. Un voisin au caractère irritable est venu faire la partie. Il a pour partenaire un jeune homme timide et distrait. La chance tourne contre eux. Le voisin irritable devient rouge. Bientôt on entend sa voix : « Pourquoi n’avez-vous pas fait toutes vos levées quand vous aviez la main ? » dit-il d’un ton sec au jeune homme timide et distrait, qui rougit et devient plus timide et plus distrait ; ce qui lui attire des regards furieux de son irritable compagnon. Le silence se fait. Le voisin qui, pendant ce temps, a jeté des regards soupçonneux sur ses adversaires, émet d’une voix amère l’axiome suivant : « Qu’il est facile de gagner quand on fait des signes ! » Enfin, n’y pouvant plus tenir, le voisin se lève brusquement et renverse du pied un château de cartes qu’un jeune architecte, âgé au moins d’un lustre, vient de construire sur le tapis. À cette sortie, tout le monde, qui depuis cinq minutes pouffe de rire, éclate enfin ; la figure du voisin irritable s’épanouit et il finit par rire